Faisant face à la petite cité corsaire de Roscoff et à cette fabuleuse côte des légendes aux nombreux mythes, la charmante ile de Batz s’étirant sur 3,5 km de long a aussi ses secrets.
L’ile-de-Batz, une ile au cœur des Légendes
Le long de la Côte des Légendes, chaque pierre, chaque arbre, chaque source est associée à une anecdote, une histoire, une légende. Celle de l’ile de Batz raconte que le comte Withur, aurait demandé à son cousin le prêtre Saint-Pol de délivrer l’île d’un dragon exerçant des ravages terribles. Peut-être est-ce pour cette raison que l’ile est connue et réputée pour être maintenant si calme et douce.
L’histoire du Jardin de L’ile-de-Batz
En 1897, l’assureur parisien Georges Delaselle, passionné de botanique tombe sous le charme de cette ile. Il y découvre quelques plantes provenant d’autres continents. Une idée folle germe, celle de créer un jardin colonial (un jardin réunissant une collection de plantes exotiques importées des comptoirs coloniaux) sur une ile ventée. Car sur l’ile de Batz, on dit que le vent souffle toujours.
Georges Delaselle s’entoure alors de personnes compétentes pour construire son rêve, son jardin, à l’est de l’ile.
Il creuse et fait creuser une cuvette, durant deux ans, faisant appel à une quinzaine de jardiniers, qui avec leurs pelles et leurs brouettes terrasseront quelques milliers de m3 de terre, de sable et de roches.
Cette excavation soutenue par des murets étagés, en pierres sèches, s’inspirant des oasis marocaines fruits du creusement dans le sable, sonne le début de travaux qui dureront environ vingt ans.
Georges Delaselle fait planter, en parallèle, des cyprès de Lambert, venant de Californie, formant une véritable ceinture, pour faire barrière au vent et protéger la végétation des embruns pouvant empêcher l’acclimatation. Le jardin accueillera progressivement une grande collection de palmiers et de plantes venant du monde entier qui fait maintenant le bonheur de chaque visiteur.
Dès les premiers pas, l’agapanthe, cette magnifique plante bleutée originaire d’Afrique du Sud s’ouvrant comme un feu d’artifice, nous invite à découvrir une végétation luxuriante.
A ses côtés, l’Aloe ajoute des tons rouge et jaune, tandis qu’un Oiseau de paradis, originaire des régions subtropicales d’Afrique du Sud, à la forme élégante, joue une touche d’esthétisme. Cette première partie appelée Rocaille sud-africaine est un festival de couleurs.
La Nécropole, des sépultures de l’âge de Bronze
La balade se poursuit. Une belle pelouse assez dégagée déroule des cordylin austral, venant de Nouvelle-Zélande, mêlés à de nombreuses sépultures de l’âge de bronze. Lors de ses travaux, Georges Delaselle fait en effet une découverte inattendue : la présence d’une nécropole, un vaste groupe de sépultures datant de la préhistoire. Introduite en Europe au début du XIXè siècle, la cordylin se met rapidement en évidence pour sa facilité à s’acclimater sur les régions côtières. Elle semble ici se complaire dans cet environnement insolite.
Un cocotier du Chili, réputé pour sa sève sucrée servant à la fabrication d’un sirop nommé « miel de palme », trône devant cet espace appelé Nécropole. L’un des palmiers les plus massifs doté d’une circonférence de 5 mètres annonce le début d’une riche collection de palmiers.
La Palmeraie, Plongée dans un monde merveilleux
C’est un escalier qui nous précipite dans l’univers merveilleux de la palmeraie, cette fameuse et précieuse cuvette de 5 m de profondeur. Georges Delaselle a réussi ce pari inouï de favoriser un microclimat propice à une végétation débordante, à l’image de ces nombreuses plantes vivaces de sous-bois, à l’ombre des géants.
Au cœur de cette jungle, un palmier à chanvre, venant de Chine, pointe vers le ciel. A quelques encablures, le Dattier des Canaries, un des palmiers ornementaux les plus populaires exhibe majestueusement ses grandes palmes. La végétation nous offre, ici, un spectacle grandiose, dont la beauté est aussi l’œuvre de l’association des amis du jardin Georges Delaselle.
Après la mort de son créateur en 1944, le jardin est laissé à l’abandon durant plus de vingt ans. Quelques habitants de l’ile décident un jour de réhabiliter un jardin en formant cette association, soutenue ensuite par le Conservatoire du Littoral ; un travail courageux et long qui nous permet maintenant de vivre ces moments magiques.
En grimpant le chemin en direction des autres jardins, nous nous demandons quelle surprise nous attend. C’est un peu l’esprit de cette promenade décalée et riche en surprises.
Le Plateau du Calvaire
Apparait alors le plateau du calvaire, un nouveau milieu garni de plantes grasses, un passage de transition apaisant. Une croix du XVIIe siècle, servant de point de repère autrefois aux bateaux, nous oriente vers la cacteraie.
La Cacteraie, ambiance tropicale
C’est un nouveau voyage rythmé par de magnifiques agaves en compagnie de coussins du diable, cierge du chili, lis du Mexique, cadushi. Il est assez surprenant de découvrir ces plantes tropicales pousser ici sans trop de contraintes. S’il ne gèle pratiquement jamais à Batz, ce jardin, ouvert sur le sud, relève d’une grande ingéniosité. L’action combinée du sable blanc reflétant le soleil et des pierres en granit chauffant au soleil et emmagasinant la chaleur augmentent régulièrement les températures.
Les couleurs chaudes du Jardin Océanien
En concevant un jardin très cloisonné, son fondateur a favorisé une succession de sphères orientées selon les points cardinaux, ayant leur propre climat. Une collection de plantes néo-zélandaises et australiennes aux couleurs chaudes s’est développée au jardin océanien au sud de l’ile, faisant face à Roscoff. C’est une nouvelle ambiance constituée de plantes venant d’Australie, de Tasmanie, de Nouvelle-Zélande, d’Afrique du Sud ainsi que du sud du Chili.
Environ 1 600 espèces forment maintenant une collection botanique exceptionnelle issue des cinq continents lui valant le label « Jardin remarquable » ; un label récompensant en 2009 le travail combiné de Georges Delaselle, de l’association « Les amis du jardin Georges Delaselle » et du Conservatoire du Littoral, qui ont su être créatifs tout en maintenant l’esprit des chambres de nature initialement créées.
Terrasse ouest et eaux turquoises
La terrasse ouest est un moment délicieux à l‘ombre des pins longeant le chenal qui la sépare du continent. Une eau turquoise parachève cette balade de toute beauté au sein d’un jardin inattendu, aux creux et dépressions saisissant.
INFORMATIONS PRATIQUES
Des navettes partent toutes les trente minutes durant la saison pour l’ile de Batz à partir de Roscoff. Le parking longue durée de la gare de Roscoff est gratuit et assez proche du port.
15 min de traversée suffisent pour atteindre l'île de Batz au départ de Roscoff, puis environ vingt minutes de marche sur l’ile depuis le débarcadère (1,20 km) pour rejoindre le jardin.
Horaires Jardin Georges Delaselle : 11h à 18h.
Durée de la visite du Jardin Georges Delaselle : 1h à 1h30.
Tarif adulte jardin exotique Île de Batz : 5 €.